Qu’elle soit fugace ou éternelle, la première histoire d’amour n’en reste pas moins mémorable. Au point, parfois, de la mettre sur un piédestal, pour le meilleur comme pour le pire.
Par Alexandra Pizzuto dans Marie-Claire
“Premier amour un beau jour, qui vient nous emporter. Ça ne s’oublie pas, quand c'est la première fois.”
Difficile de ne pas fredonner cet air ô combien niais de notre enfance post-eighties lorsque l’on nous évoque la thématique du premier amour. Concept galvaudé par nos sociétés occidentales, le premier amour serait cette relation amoureuse originelle qui, à l’adolescence ou à la vingtaine, viendrait inaugurer notre carrière sentimentale sur fonds d’émotions exacerbées et de péripéties néo-dramatiques digne d’une série B.
Qu’il soit encore à vivre ou qu’il fasse déjà partie de notre passé, il tendrait ainsi à faire l’objet d’une certaine forme d’idéalisation qui n’est pas, toutefois, sans poser question.
En effet, pourquoi cette idylle - parfois très brève, toujours intense -, occupe une place si prépondérante dans notre mythologie personnelle, au point parfois d’en devenir un point de référence ?
UN PREMIER AMOUR STANDARDISÉ PAR LA POP CULTURE
Premier désigné sur le banc des accusés : la pop-culture qui, des chansons pour pré-ado transits aux rom com qui cumulent les clichés, nous matraquerait le cerveau de cet idéal d’amour transit que l’on devrait considéré comme le climax ultime de notre (jeune) vie.
De Roméo + Juliette façon Baz Luhrmann à Mia & Sebastian dans La La Land en passant par Jack et Rose dans Titanic, Bella et Edward dans Twilight ou Ron et Hermione dans Harry Potter, notre imaginaire collectif n’a cessé de façonner les contours stéréotypés de ces émois censés nous animer au moins une fois, quitte à les sacraliser et à en faire des mythes un brin trop sanctuarisés.
“Les fictions promeuvent des idéaux romantiques et irréalistes, ce qui peut renforcer la croyance qu’un premier amour doit être parfait et unique", confirme Géraldyne Prévot-Gigant, psychopraticienne et auteure de L’amour et les femmes (Editions Leduc, septembre 2023) qui confirme que les médias peuvent également jouer un rôle dans la manière dont les personnes perçoivent le premier amour.
Des stéréotypes en somme, qui viennent standardiser cette relation amoureuse en définissant ce qu’elle doit être et ce qu’elle ne doit pas être de manière extrêmement normative, a fortiori pour les jeunes filles. “Le discours romantique était, jusqu’à présent, davantage destiné aux filles qu’aux garçons. Les films et récits tournent souvent autour de l’idée d’une jeune femme dans l’attente de celui qui l’a choisira, de celui qui la réveillera, à l’instar de la Belle au bois dormant", précise-t-elle, soulignant que les normes sociales autour de l’amour ne sont pas les mêmes pour les hommes et les femmes.
POUR ALLER PLUS LOIN
Quels que soient leur âge ou leur origine sociale, les femmes souffrent, encore aujourd’hui, des diktats de la société et d’idées reçues : invisibilité, misogynie, réification…
Alors que l’évolution numérique permet de rencontrer l’âme sœur à tout moment, alors que la modernité devrait offrir aux femmes plus de choix, il n’en est rien. La pression sociale nimbée de patriarcat s’immisce jusque dans les algorithmes de la rencontre.
Ces commandements au bonheur amoureux et à la relation de couple comme valeurs ultimes poussent parfois les femmes à faire de mauvais choix, dans l’urgence. Pour peu que leur histoire et leur héritage transgénérationnel s’en mêlent, c’est alors un cercle vicieux de déceptions qui détruit le peu d’estime qui leur reste.
Dans ce livre, chaque lectrice trouvera des explications claires et déculpabilisantes à sa situation, afin de pouvoir avancer plus librement dans l’existence. En l’accompagnant dans ce parcours de femme des temps modernes, l’auteure lui offre aussi des pistes afin de se frayer un chemin dans la jungle des rencontres numériques et de trouver l’épanouissement dans la real life, seule ou accompagnée.
Comentários