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J’ai toujours été hypersensible au bruit. Alors que je suis née à Paris on pourrait penser que je suis habituée aux diverses nuisances sonores d’une grande ville.
Il n’en est rien.
J’habite un quartier sensé être calme et pourtant, ce matin, en promenant mon chien, j’ai été effrayée d’entendre ces nuisances de toutes parts.
J’y suis d’autant plus attentive que mon chiot des champs a du mal à s’habituer à ce chaos des villes.
Nous avons eu droit ce matin, durant 3 heures, a un manège de camions poubelles grinçants. (je ne comprends toujours pas ce que la Mairie de Paris attend pour faire quelque chose contre cette nuisance). Ma rue se situant visiblement au croisement de trois répartitions de passages de camions, j’ai donc eu droit aux camions du secteur A et à ceux du secteur B et quand je pensais que c'était terminé, arrivent ceux du secteur C.
Ajoutons à cela le klaxon facile d’automobilistes déjà excédés de beau matin par une circulation routière saturée (due à des travaux tout aussi bruyant).
Et j’oubliais les moteurs de moto et de scooters qui, à toute heure, vrombissent comme si leur vie en dépendait.
Mon petit chiot, qui vient de la campagne, a bien du mal à comprendre cette cacophonie. Je lui explique alors qu’ici les humains sont devenus fous (comme partout ailleurs) et qu’ils sont nombreux à tenter de vivre ensemble dans des espaces partagés.
Je vois bien que mon petit chiot ne saisit pas bien l’intérêt de toutes ces machines bruyantes.
Et je le comprends bien.
En effet alors que l’humain court après le progrès, il n’investît ni dans la prévention de la santé, ni dans le confort de ses concitoyens.
Le progrès qui rapporte plutôt que le progrès qui fait du bien.
Voilà sa devise.
Pourtant on connaît à présent les effets néfastes des nuisances sonores à commencer par l’agressivité mais également perturbation du sommeil, stress, fatigue, aggravation des pathologies cardio-vasculaires, dépression. On comprend mieux pourquoi 9 francais sur 10 considèrent les nuisances sonores comme un enjeu de société. (2016, sondage JNA - Ifop )
Ce matin j’ai donc pensé à tous les hypersensibles qui souffrent comme moi d’hyperacousie. Je me suis longtemps sentie seule à ce sujet. Et pourtant nous sommes nombreux.
Qu'est ce que l'hyperacousie?
L’hyperacousie est une intolérance aux sons ou aux bruits présentés à un volume jugé tolérable par l’entourage. Une personne souffrant d’hyperacousie perçoit un son comme étant plus fort qu’en réalité. La personne peut rapporter qu’elle « entend trop » les sons quotidiens. Une personne hyperacousique supporte difficilement certains sons : les bruits de vaisselle, la foule, les rires forts, les sonneries de téléphone (vive les vibreurs), les cris d’enfants ou le moteur d'un aspirateur. L'audition d'une personne hyperacousique n'est pas meilleure, c'est sa sensibilité qui est accentuée. En revanche le chant d'un oiseau va l'émerveiller et l'harmonie d'une symphonie de Mozart l'élever au septième ciel.
Pour en revenir à ma promenade du matin ...
Alors que j’étais plongée dans cette réflexion autour du bruit et que je me disais que j’allais vous écrire tout ceci, une dame est apparue, dans la promenade du parc de mon quartier, accompagnée de deux adorables ratiers. Elle m’a demandée l’âge de mon chiot, a confirmé qu’il semblait n’être pas rassuré. C’est alors que je lui dit « le bruit de la rue lui fait peur » et la dame me répond « que je la comprends ! C’est partout et constamment. Ce matin, on n’entend même plus les oiseaux chanter. »
Je me suis dis qu’elle aimerait mon dernier livre. Mais je n’ai rien dit, j’ai juste profité de ce partage de deux hypersensibles amoureuses de la nature et des animaux, souffrant de l’état du monde.
Vous me direz « pourquoi tu ne pars pas à la campagne? » et je vous répondrais que mon amour pour Paris est grand et que pour l’instant c’est lui qui me retient.
Mais si Paris continue à se faire grignoter par le bruit et la fureur, alors dans ce cas je devrai la quitter à regret. Je me demande tout de même si je peux vivre sans elle et ses lieux artistiques…
En attendant j’écris pour les sensibles et je m’enveloppe de musique.
© Géraldyne Prévot Gigant
Pour aller plus loin Les hypersensibles spirituels, ces intuitifs au coeur d'or (ed. Leduc)
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